Beautiful
J'imagine.
...
J'aimerai les voir, les gens, à ma place. Quelle rigolade, j'en ai rire jaune, et la bile me remonte à la gorge.
...
On oublie tous trop souvent de vivre. Et si vivre vous croyez que c'est bosser 35h la semaine, rentrer crever du boulot, ou, pour une autre classe d'âge, si vous croyez que vivre c'est faire tous ses devoirs et se casser le cul à tout réviser dans l'espoir d'avoir un excellent BAC, vous vous fourez le doigt dans l'oeil. On vous l'aura déjà dit, vous l'aurez déjà lu quelque part, vivre ce n'est pas ça.
Jetez un coup d'oeil autour de vous. Quelque part sous vos yeux il y a un arbre, une fleur. Et si ce n'est pas le cas je suis sûr que vous avez un ciel, et des nuages, un soleil, et une lune de temps en temps. C'est pas sorcier de voir la vie, encore faut-il savoir ce que cela signifie.
Vous savez très bien ce que je veux dire. Après tout, c'est toujours le même baratin qu'on vous rabat sans cesse. Vivre c'est s'éclater, profiter du jour présent, etc. Et c'est ce que je fais ! me dira-t-on. Alors pourquoi, bon sang, au moindre coup dur on flanche ? Et je dis "on", pas "vous". Pourquoi c'est tout de suite la tristesse, les larmes, la déprime. Pourquoi les autres, qui sont heureux, et qui ne comprennent pas, nous regardent bizarrement ? Pourquoi il y a toujours une amitié qui fout le camp dans la douleur, un amour qui se brise pour des conneries, une amie qui a besoin d'une épaule et d'une main douce pour essuyer ses larmes ?
Qui pourrait essuyer celles que je verse dans mon coin, tout seul ? Qui pourrait lire les pensées que je couche sur le papier, dans ce cahier qui ne quitte jamais mon sac à dos ? Beaucoup de personnes se livrent aisément à un(e) ami(e). Ce n'est pas mon cas. La confiance ça se mérite. En ce bas monde, peu de personnes ont jusqu'alors mérité que je le leur accorde. Et c'est marrant, je n'ai jamais été trahi. Pas une seule fois. Coup de chance ? Je ne crois pas. Je sais choisir mes ami(e)s.
Aparté : Le fait que la plupart soit des filles prouvent d'une certaine manière qu'elles sont plus réceptives que les hommes. Ou alors c'est simplement parce que j'en suis un, donc j'ai plus de facilité avec le sexe opposé. Dans un certain sens, cela reste logique.
Une amie m'a donné une leçon, il y a quelques jours. On hésite, parfois, à se confier. "Elle ne comprendra pas", lui disais-je. Pourquoi, m'a demandé mon amie. J'ai répondu qu'elle n'avait pas vécut... certaines choses. Que ce n'était pas son monde. Ce soir là j'ai appris une vérité de plus.
Ce n'était pas son monde. Ce n'était pas le mien non plus. Ce n'est le monde de personne, car il n'y a qu'un monde, et c'est celui dans lequel on vit. Pas celui dans lequel nous avons vécut souffrances et pleurs.
Une personne est capable d'en comprendre une autre de par un point de vue intellectuel, c'est-à-dire en comprenant les faits, en réalisant leur horeur, mais sans saisir les sentiments et les émotions, sans se les représenter, sans les ressentir. C'est ce que je croyais. J'ai appris que ce n'est pas le vécut qui permet de comprendre celui d'une autre personne. Ce n'est pas parce que j'ai souffert quand j'étais plus jeune que je suis capable de comprendre la souffrance des autres. On comprend parce qu'on est large d'esprit. Et c'est cette force là qui fait toute ma capacité réceptive. Croyez-moi, c'est magnifique de pouvoir aider les autres autant que je peux le faire, autant que je le fais.
Croyez-moi, ce n'est pas un cadeau du ciel, parfois. Certains d'entre vous qui lirez cet article m'envierez peut-être. Vivez plutôt votre vie à vous et n'espérez celle des autres, surtout si elle est faite de larmes. Ne venez pas dire que vous voulez être quelqu'un d'autre, car vous ne savez pas ce qu'est ce quelqu'un. Les cas où la largesse d'esprit est acquise sans traumatisme dans l'enfance sont rares. Jusqu'à maintenant je n'en ai rencontré qu'un seul.
Quand j'entends "J'aimerai bien être toi", je crispe le poing de colère. Et puis je me calme, et je rigole. J'en ai rire jaune, et la bile me monte à la gorge. J'ai un refrain en tête, extrait de Beautiful, de Eminem :
In my shoes, just to see
What it's like, to be me
I'll be you, let's trade shoes
Just to see what it'd be like
To feel your pain, you feel mine
Go inside each other's mind
Just to see what we'd find
Look at shit through each others' eye
En français :
A ma place, juste pour voir
Ce que ça fait d'être moi
Je serai toi, échangeons nos rôles
Simplement pour voir que ça fait
De ressentir ta peine, et toi la mienne
D'entrer dans l'esprit de l'autre
Juste pour voir ce qu'on y trouverait
Regardons les choses à travers les yeux de l'autre
La traduction n'est pas la mienne, et elle n'est pas exacte. Mais suffisamment explicites pour qu'on comprenne les paroles et le sens profond. En tout cas, ce refrain exprime ici le fond de ma pensée. Et je n'ai rien de plus à ajouter.